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justice, faisant exploict sur mes terres sans m’en demander congé, je leur feray manger leur parchemin ! C’est trop enduré ! Sommes-nous pas libres ? Monsieur le Lieutenant, ne nous avez-vous pas donné liberté de tout faire ? Et Monsieur le Legat nous a-il pas mis la bride sur le col pour prendre tout le bien des Politiques, tuer et assassiner parents, amis, voisins, pere et mere, pourveu qu’y fassions nos affaires et que soyons bons Catholiques, sans jamais parler ni de trefve ni de paix ? J’en feray ainsi, et vous prie d’en faire de mesme.

Mais j’ay encor une autre chose à vous remonstrer : c’est de ne parler plus de ceste Loy Salique. Je ne sçay que c’est, mais le seigneur Diego [1] me l’a donné par memoire, avec quelques pieces rondes qui me feront grand bien. C’est, en tout cas, qu’il faut aller saccager ces chaperons fourrez de la Cour de Parlement, qui font les galants, et se meslent des affaires d’Estat, où ils n’ont rien que veoir. Qu’on me les donne ung peu à manier ! Jamais Bussy le Clerc n’y fit œuvre : si Monsieur le Legat me commande seulement de leur aller mettre la main sur le collet, il n’y a ny bonnet quarré, ny bourlet que je ne fasse voler, s’ils m’eschauffent

  1. L’agent de Philippe II, don Diego d’Ybarra.