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verneur d’une belle Forteresse ; voire que je me puis esgaler aux plus grands, et suis un jour pour monter bien haut, à reculon[1] ou autrement. J’ay bien occasion de vous suivre, Monsieur le Lieutenant, et faire service à la noble Assemblée, à bis ou à blancq, à tort ou à droit, puisque tous les pauvres prestres, moynes et gens de bien devots catholiques m’apportent des chandelles, et m’adorent comme un sainct Macabée du temps passé. C’est pourquoy je me donne au plus viste des Diables que, si aucun de mon gouvernement s’ingere à parler de paix, je le courray comme un loup gris. Vive la guerre ! Il n’est que d’en avoir, de quelque part qu’il vienne. Je voy je ne sçay quels degoustez de nostre noblesse qui parlent de conserver la religion et l’Estat tout ensemble, et que les Espagnols perdront à la fin l’un et l’autre, si on les laisse faire. Quant à moy, je n’entends point tout cela : pourveu que je leve tousjours les tailles, et qu’on me paye bien mes appointements, il ne me chaut que deviendra le Pape, ni sa femme. Je suis aprés mes intelligences pour prendre Noyon[2] : si j’en puis

  1. lusion à la potence où il monta en 1594.
  2. est dans une tentative pour reprendre Noyon, alors au pouvoir de Henri IV, qu’il fut fait prisonnier, mené à Compiègne et pendu.