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garder les gaiges et estre curateur perpetuel aux biens vaquants, qui empesche et prolonge tant qu’il peut la delivrance des criées, de peur de rendre compte. Au reste, vous ne pouvez estre Roy par le mariage de l’Infante[1] ; vous estes marié, et mettez le doigt au trou, car vous avez chevauché la vieille[2], qui se garde bien du bouquon[3]. Et puis il faudroit un autre ramonneur que vous à ceste garse [4] de trente ans, noire comme poivre, et d’apetit ouvert ! D’avantage, quand nous vous aurions esleu Roy, vous auriez affaire au Biarnois, qui sçait mille tours de Basque, et qui ne dort que tant qu’il veut, et à l’heure qu’il veut. Lequel, se rendant Catholique comme il vous en menace, tirera de son costé tous les potentats d’Italie et d’Allemagne, et quant et quant le cœur de tous les gentils-hommes François, dont vous voyez desja la plus-part bransler au manche et minuter leur retraite avec tant de pauvres villes affligées, lasses de la guerre et de la pauvreté, qui

  1. dit. " Si vous ne faites ce que vous conseille le Légat. C’est-à-dire faire rompre son premier mariage.
  2. duc de Mayenne avait épousé Henriette de Savoie, veuve de Melchior des Prez, seigneur de Montpesat.
  3. u poison.
  4. . Les paysans de certaines provinces conservent encore aujourd’hui au mot g arce son ancienne acception : c’est le féminin de garçon et par conséquent veut dire fille.