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abjura la religion protestante dans l’église collégiale de Saint-Denis, entre les mains de Renaud de Beaune, archevêque de Bourges. Alors parut la Satyre Ménippée, déversant l’odieux et le ridicule sur les chefs de la Ligue, et sur leurs alliés de l’étranger. La France ouvrait enfin les yeux et voyait son véritable intérêt ; la réaction commençait ; Paris ouvrait ses portes au roi le 22 mars 1594 ; les bonnes villes faisaient leur soumission, et la royauté légitime était restaurée.


II. — LES AUTEURS DE LA SATYRE.


Vers la fin du règne de François 1er, un peu avant les premiers événements qui préparèrent la Ligue et furent comme l’œuf d’où elle devait éclore près d’un demi-siècle plus tard, naissaient ceux qui, après avoir été témoins de sa croissance et de ses excès, causèrent en grande partie sa chute et son effondrement au milieu du mépris public. Les futurs auteurs de la Satyre Ménippée sortaient du tiers état, du sein de cette bourgeoisie éclairée, spirituelle et lettrée, dont les derniers représentants, déjà bien amoindris, disparurent avec le XVIIIe siècle.

La Champagne revendique avec raison l’honneur d’avoir donné naissance à deux de ces hommes de talent : Jean Passerat et Pierre Pithou. Jean Passerat naquit à Troyes, le 18 octobre 1534, d’un père qui avait beaucoup voyagé, et qui aimait et cultivait les lettres. Ce n’est pas à ses