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attendez pas : vostre part en est gelée. Tous vos aisnez s’y opposent ; vos cousins competiteurs feroient plustost secession ad partes[1] que de l’endurer. Les Seize ne veulent plus de vous : car ils disent qu’ils vous ont faict ce que vous estes, et vous les pendez et diminuez leur nombre tant que pouvez. Le peuple avoit esperé, sur vostre parole, que vous déboucleriez la riviere et renderiez les chemins et le commerce libre ; mais ils voient au contraire qu’ils sont plus serrez que devant, et que le pain et le peu de bien qu’ils ont pour vivre ne vient pas de vostre bienfaict ni de vostre vaillance, mais de la liberalité du Biarnois et de son bon naturel, ou de l’avarice des aquiteurs, qui en tirent tout le profit. Bref, la plus-part croit que voulez prolonger tant que pourrez la Lieutenance en laquelle on vous a mis, et vivre tousjours en guerre et en trouble, bien à vostre aise, bien servy, bien traité, bien gardé de Suysses et d’Archers, qu’il n’y manque que les hoquetons et Sibilot[2] pour estre Boy, pendant que tout le reste du peuple meurt de male rage de faim. Vous voulez

  1. nde à part.
  2. s hoquetons étaient les archers de la garde du grand Prévôt du roi, ainsi nommés de leur vêtement. — Sibilot était le fou en titre du roi Henri III. L’auteur veut dire qu’il ne manque plus au duc de Mayenne que ces deux attributs de la royauté, dont il exerce tout le pouvoir.