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frere le Duc de Nemours, et je ne doute pas que les Ducs de Savoye et de Lorraine n’en ayent autant d’envie ; car, à la vérité, ils y ont autant de droit l’un que l’autre. Quand au Duc de Mercur[1], ses agents y feront autant que luy. S’il eust pris de bonne foy le Roy de Portugal, dom Antoine[2], et l’eust livré à son bon amy le Roy Tres-Catholique, comme il luy avoit promis, je croy qu’il se fust contenté des droits qu’il a au duché de Bretagne[3], pareils à ceux qu’avoit son ayeul Jean par sa femme. Mais icy qui n’y est n’y prend. Premierement, je vous conseille de ne vous arrester pas au Duc de Savoye ni au Duc de Lorraine : ce ne sont, en parlant par reverence, que des couilles qui ont assez affaire à leur maison4. Je m’asseure qu’ils se contenteront de peu. Si vous voulez laisser au Savoyard le Dauphiné et la Provence, avec une partie du Lyonnois et du Languedoc, pourveu que vous luy faciez prendre Geneve, je vou-

  1. tte forme du nom de Mercœur était très répandue au XVIe siècle.
  2. roi d’Espagne cherchait à se défaire de don Antonio de Portugal. En 1585, réfugié dans un château de Bretagne, il fut sur le point d’être enlevé et livré par le duc de Mercœur.
  3. Il avait épousé Marie de Luxembourg, fille de Sébastien de Luxembourg, premier duc de Penthièvre, laquelle descendait en ligne directe de Jeanne-la-Boiteuse, comtesse de Blois.


4 C’est-à-dire qu’ils étaient sans énergie et à peine capables d’être maîtres chez eux.