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juifve et autres cantons catholiques, sont devenuz maistres-és-arts, bacheliers, principaux, presidents, et boursiers des colleges, regents des classes, et si arguts philosophes que mieux que Ciceron maintenant ils disputent de inventione, et apprennent tous les jours aftodidactôs [1], sans autre precepteur que vous, Monsieur le Lieutenant, apprennent, dis-je, mourir de faim per regulas.

Aussi n’oyez-vous plus, aux classes, ce clabaudement latin des regents qui obtendoient les aureilles[2] de tout le monde. Au lieu de ce jargon, vous y oyez à toute heure du jour l’harmonie argentine, et le vray idiome des vaches et veaux de laict, et le doux rossignolement des asnes et des truyes, qui nous servent de cloches, pro primo, secundo et tertio. Nous avons desiré autrefois sçavoir les langues hebraïque, grecque et latine ; mais nous aurions à present plus de besoin de langue de bœuf salée, qui seroit un bon commentaire aprés le pain d’avoine[3]. Mais le Mans et Laval, et ces infaillibles voitures d’Angers, avec leurs chapons de haute graisse et ge-

  1. AùToJiSàxTw ;, naturellement, de soi-même. Ce mot. grec est écrit dans la satire suivant la prononciation moderne.
  2. Qui obstruaient, du latin obtendere, couvrir, voiler.
  3. Allusion à la disette qui régnait à Paris : on n’y eut pas toujours même le pain d’avoine.