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relieurs, doreurs, et autres gens de papier et parchemin, au nombre de plus de trente mille, ont charitablement fendu le vent en cent quartiers pour en vivre, et en ont encore laissé suffisamment pour ceux qui ont demouré après eux. Les professeurs publics qui estoient tous Royaux et Politiques, ne nous viennent plus rompre la teste de leurs harangues et de leurs congregations aux trois Evesques [1] : ils se sont mis à faire l’alquemie chacun cheuz soy. Bref, tout est coy et paisible, et vous diray bien plus : jadis, du temps des Politiques et Heretiques Ramus, Galandius et Turnebus[2], nul ne faisoit profession des lettres qu’il n’eust, de longue main et à grands fraiz, estudié et acquis des arts et sciences en nos colleges, et passé par tous les degrez de la discipline scholastique. Mais maintenant, par le moyen de vous autres Messieurs, et la vertu de la saincte Union, et principalement par vos coups du Ciel[3], Monsieur le Lieutenant, les beurriers et beurrieres de Vanves, les rufiens[4] de Montrouge et de Vaugirard, les vignerons de Sainct-Cloud, les carreleurs de Ville-

  1. ns doute l’enseigne d’un cabaret où ils se réunissaient.
  2. ofesseurs en grande réputation au XVIe siècle.
  3. On a vu précédemment que les prédicateurs de la Ligue avaient qualifié l’assassinat de Henri III de coup du Ciel.
  4. Débauchés.