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près de Dieppe ; qu’il ne pouvait lui échapper, et qu’il se faisait fort, sous peu de jours, de l’amener prisonnier à Paris. Déjà on ornait, comme pour une fête, la rue Saint-Antoine par laquelle le vaincu devait entrer chargé de chaînes, et les dames y faisaient louer des fenêtres et des étaux pour assister à l’humiliation du Béarnais. Mais ce fut lui, au contraire, qui battit à Arques son prétendu vainqueur ; et, hâtant sa marche, il occupait les faubourgs Saint-Germain et Saint-Jacques dans la nuit de la Toussaint de l’an 1589, au moment où les bourgeois ligueurs pensaient crier Noel ! en le voyant prisonnier à la suite du duc de Mayenne[1].

Puis ce même duc de Mayenne éprouvait un nouvel échec à Ivry (1590) ; et, s’enfuyant devant le Béarnais victorieux, il arrivait d’une traite à Mantes, où il entrait en fugitif par une poterne[2]. Enfin Henri IV prenait Chartres, Corbeil, Melun, Lagny, resserrant de plus en plus sa ligne d’investissement autour de Paris, qu’il assiégeait enfin.

Pithou, par la bouche de d’Aubray, trace un sombre tableau de Paris pendant ce siège, interrompu par le duc de Parme, puis repris, et qui réduisit les habitants à la dernière extrémité.

L’Université, déserte et abandonnée ; les salles des collèges servant de retraite aux paysans des environs, qui y campaient avec leurs bestiaux ; l’exercice de la justice interrompu, et l’herbe poussant dans les cours du

  1. Voir la Satyre, description de la sixième tapisserie, p. 36.
  2. Voir la Satyre, description de la septième tapisserie, p. 37.