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guerre dure, il y aura moult de pauvres prestres. Mais aussi n’esperez-vous pas vostre recompense en en ce monde caduc, ains au Ciel, où la couronne de gloire eternelle attend ceux qui patiront et mourront pour la saincte Ligue. Se sauve qui pourra ! quant à moy, je suis capable de porter un bonnet rouge ; mais de remedier et obvier aux necessitez et oppressions du Clergé, il n’est pas en ma puissance, et mes gouttes ne me donnent pas loisir d’y penser. Toutesfois je crains une chose : c’est que, si le Roy de Navarre revoque les passeports et les main-levées qu’il a données aux monasteres et chapitres, il y aura danger que vous ne criez tous au meurtre aprés le Sainct Pere, et Monsieur le Legat, et le reverendissime cardinal, cy presents, qui pourroient bien laisser les bottes en France, s’ils ne se sauvent de bonne heure delà les monts. Je laisse à messieurs les Predicateurs de tenir tousjours en haleine leurs devots paroissiens, et reprimer l’insolence de ces demandeurs de pain ou de paix [1]. Ils sçavent les passages de l’Escriture pour accommoder à leurs propos, et les tourner, virer, aux occasions, comme ils en auront besoin. Car

  1. A la fin du second siège de Paris, en 1590, des bourgeois se rassemblèrent en armes, demandant à grands cris du pain ou la paix ! Cette espèce de petite sédition fut durement réprimée par les chefs de la Ligue.