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Monsieur le Lieutenant ne seroit pas au degré où il est, à cause que ce fut moy qui retins le feu Duc de Guise, son frere, qui s’en vouloit aller des Estats de Blois, se deffiant de quelque sourde embusche du tyran. Mais je le fey revenir pour attendre la depesche de Rome, qu’on me devoit apporter dedans trois jours, et ce fut pourquoy Madame sa mere, cy présente, m’a reproché maintesfois que j’estoy cause de sa mort : dont Monsieur le Lieutenant et tous les siens me doivent savoir bon gré, parce que, sur ce pretexte et pour venger ceste belle mort, nous avons excité les peuples et pris occasion de faire un autre Roy.

Courage donc ! courage, mes amis ! Ne craignez point d’exposer vos vies et ce qui vous reste de biens pour Monsieur le Lieutenant et pour ceux de sa Maison. Ce sont bons Princes et bons Catholiques, et qui vous ayment tout plein. Ne parlez point icy de luy abroger sa puissance, qu’aucuns murmurent ne luy avoir esté donnée que jusques à une prochaine tenue des Estats [1]. Ce sont des contes de la cigongne ! Ceux qui ont gousté ce morceau ne demordent ja-

  1. Le duc de Mayenne reçut le titre de Lieutenant général de l’Etat et Couronne de France en vertu d’une délibération du Conseil général de l’Union, en date du 4 mars 1589, confirmée par arrêt de la Cour du 7 mai, qui limitait son mandat à la réunion des Etats-Généraux.