Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

un peu Calviniste que j’estoy, je devins grand et conjuré Ligueur, comme je suis à present directeur et ordinateur des affaires secrets et importants de l’estat de la saincte Union, ne plus ne moins que le benoist sainct Paul, qui, de persecuteur de chrestiens, fut faict vaisseau d’election. C’est pourquoy il dit : U bi abundavit delictum, ibi abundavit et gratia. Ne doutez donc plus de demeurer fermes et constants en ce sainct party, plein de tant de miracles et de coups du Ciel, desquels il faut que fassiez une loy fondamentale. Quant aux necessitez et oppressions du Clergé, vous y adviserez, s’il vous plaist ; car, pour mon regard, je mettray peine que ma marmite ne soit renversée, et auray toujours credit avec Roland[1] et Ribault, qui ne manqueront de me payer mes pensions, de quelque part que l’argent vienne : chacun advisera à se pourveoir, si bon luy semble. Et de ma part, je ne desire point la paix que premierement je ne sois Cardinal, comme on m’a promis[2] et comme je l’ay bien merité ; car sans moy manda au roi de lui faire faire réparation, et n’ayant pu l’obtenir, il se déclara pour le parti des Guise et de la Ligue.

  1. land, député aux États-Généraux, fut depuis nommé Grand-Audiencier de la Chancellerie.
  2. chapeau de Cardinal lui avait été promis par le roi Henri III après la journée des Barricades, puis plus tard par tes chefs de la Ligue.