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les nouveaux Lutheriens[1]. Et depuis n’ay jamais faict grande conscience ni difficulté de manger de la chair en Karesme, ny de coucher avec ma sœur[2], suyvant les exemples des saincts Patriarches de la Bible. Mais, depuis que j’eu signé la saincte Ligue et la loy fondamentale de cest Estat, accompagnée des doublons et de l’esperance du chapeau rouge, personne n’a plus douté de ma creance et ne s’est enquis plus avant de ma conscience et de mes comportements.

Veritablement je confesse que je doy ceste grace de ma conversion, aprés Dieu à Monsieur le duc d’Espernon, qui, pour m’avoir reproché au Conseil ce dont on ne doutoit point à Lyon touchant ma belle-sœur[3] fut cause que, de grand Politique et

  1. On appelait nouveaux-luthériens les protestants français, par opposition aux anciens ou protestants d’Allemagne. Pierre d’Éspinac assista à leurs assemblées pendant l’année 1563 ; mais il se retira de leur parti dès qu’il vit qu’il y avait plus de danger que de profit et devint même leur persécuteur.
  2. Ce crime lui est reproché dans plusieurs pamphlets du temps. Dans la Confession des chefs de l’Union, entre autres, on lui fait dire :
    Je suis né à l’inceste, et dès mon premier âge,
    J’ay de ma belle-sœur abusé longuement :
    Puis avecque ma sœur je couche maintenant.
    Ayant pour cet effet rompu son mariage.
  3. En 1588 le duc d’Épernon rappela publiquement, et en présence de Henri III, les bruits qui couraient sur la conduite et les mœurs scandaleuses de l’archevêque de Lyon. Celui-ci de-