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saincte, si zelée et si devote, avoir esté, presque en toutes ses parties, composée de gens qui, auparavant les sainctes Barricades, étoient tous tarez et entachez de quelque note mal solfiée[1] et mal accordante avec la justice, et, par une miraculeuse metamorphose, veoir tout à un coup l’atheisme converty en ardeur de devotion ; l’ignorance, en science de toutes nouveautez et curiosité de nouvelles ; la concussion, en pieté et en jeusne ; la volerie, en generosité et vaillance ; bref, le vice et le crime transmués en gloire et en honneur ? Cela sont des coups du Ciel, comme dit Monsieur le Lieutenant, de pardieu ! Je dy si beaux que les François doivent ouvrir les yeux de leur entendement pour profondement considerer ces miracles, et doivent là dessus les. gens de bien, et de biens de ce Royaume, rougir de honte avec presque toute la Noblesse, la plus saine partie des Prelats et du Magistrat, voire les plus clairvoyants, qui font semblant d’avoir en horreur ce sainct et miraculeux changement[2]. Car qui

  1. C’est-à-dire que tous avaient quelque peccadille sur la conscience.
  2. D’après de Thou, les plus empressés à embrasser le parti de la Ligue étaient les gens perdus, tandis que les gens d’honneur ou recommandables par leur position lui étaient hostiles.