Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’obligera ainsi à faire. Il paya de sa vie cette courageuse déclaration : arrêté par ordre des Seize avec les conseillers Larcher et Tardif, tous trois furent pendus dans une salle du Châtelet. Du reste, les exécutions se multiplient[1] : gens de toutes conditions périssent pour une parole imprudente, un blâme des agissements de la Ligue, ou sur un soupçon d’attachement à la cause royale. Les échecs mêmes subis par les troupes de la Ligue sont prétextes pour exercer de nouvelles rigueurs contre les citoyens. On interprète contre eux l’expression de leur visage : est-elle gaie, ce sont des ennemis de la Ligue qui se réjouissent des victoires du roi. « Il faisoit lors à Paris fort dangereux de rire : car ceux qui portoient seulement le visage un peu gay étoient tenus pour politiques ; et il y eut une maison honorable qui faillit d’être saccagée pour ce que la servante avoit rapporté que son maître et sa maîtresse avoient ce jour-là ri de bon courage[2]. »

Après la mort de Catherine de Médicis, Henri III, uni au roi de Navarre, s’était rapproché de Paris : les deux armées combinées campaient sur les bords de la Seine, à Saint-Cloud. Un jeune moine dominicain, Jacques Clément, fanatisé par les prédications des curés ligueurs, parvin jusqu’au roi et le tua d’un coup de couteau dans le bas-ventre. On dit que la sœur du duc de Mayenne, madame de Montpensier, l’ennemie personnelle de Henri III, et qui portait à sa ceinture des ciseaux destinés à le tonsurer

  1. Voir Journal de l’Étoile.
  2. Journal de l’Étoile, mai 1589. Collection Petitot, t. XLV. p. 403