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et remply [1]. Ce seroit donc bien à propos de soupçonner qu’il voulust estre Roy de France : ma de si ! Je ne dy pas que, pour guarir des escrouelles, dont les pays meridionaux sont fort infestez, il ne fist quelque chose, à la priere des devots habitans de sa bonne ville de Paris, qui l’ont supplié par lettres expresses signées de leurs mains[2], de les recevoir comme ses bons subjects et serviteurs et d’accepter le pesant fardeau de la Couronne de France ; ou, si son dos estoit si courbé et chargé d’autres couronnes plus precieuses que celle de France n’y peust trouver place, pour le moins il en recompensast quelqu’un de ses hidalgos, qui luy en feroyt foy, hommage et reverence. Mais autrement, je vous prie pour l’honneur de Dieu, ne pensez pas qu’il y pense. Ses comportements aux Pays Bas et aux Terres Neufves vous doivent asseurer qu’il ne pense à nul mai, non plus qu’un vieil singe.

Et, quand ainsi seroit qu’il vous auroit tous faict entretuer et perir par feu, fer et famine, ne seriez vous pas bienheureux d’estre assis là-haut, en Para-

  1. édition datée de 1594 ajoute ici : Non eripit mortalia, qui regna dat cœlestia. Vers tiré d’un hymne des vespres de l’office du jour des Rois.
  2. tte lettre, datée du 20 septembre 1591, fut portée en Espagne par le jésuite Claude Mathieu ; mais le gouverneur du Bourbonnais l’intercepta et l’envoya au roi.