Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

les affaires avoir reussy selon les pratiques et intelligences que j’ay menées depuis vingt-cinq ans[1] avec les Espagnols à Rome, je verrroy maintenant feu Monsieur vostre frere en ce throsne royal, et aurions occasions de chanter avec ce bon patriarche : Nunc dimittis, etc. Mais, puisque ce n’a pas esté la volonté de Dieu qu’ainsi fust, patience : assez va qui fortune passe. Si vous diray-je en passant que, fide mea, il vous faict fort bon veoir[2] assis là où vous estes, et avez fort bonne mine, et remplissez bien vostre place, et ne vous advient point mal à faire le roy. Vous n’avez faulte que d’une bonne cheville pour vous y bien tenir. Vous avez toute pareille façon, sauf l’honneur que je dois à l’Eglise, qu’ung Sainct Nicolas de village, a fè di Dio. Il me semble que nous celebrons icy la feste des Innocents[3] ou le jour des Roys. Si vous aviez maintenant un plein verre de bon vin, et qu’il pleust à la majesté de vostre Lieutenance boire à la compagnie, nous cririons tous :

  1. Dès 1565, étant au Concile de Trente, il s’était montré hostile à la Franco.
  2. Addit. postérieure : « Oui, monsieur le Lieutenant, il vous faict fort bon veoir. . . s
  3. Au moyen âge la fête des Saints Innocents servait de prétexte à des parodies des cérémonies sacrées et à des saturnales auxquelles les clercs se livraient dans les églises. Cette coutume scandaleuse fut abolie au XVe siècle.