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sait le procès de Henri de Valois, « défendeur »[1] . Partout le peuple arrachait, brisait et traînait dans la boue les armoiries, les chiffres et les images du roi. La Ligue, sous le nom de Sainte-Union, prenait une extension nouvelle ; les provinces s’armaient ; les Seize, devenus tout puissants, dirigeaient le mouvement insurrectionnel et déféraient au duc de Mayenne le titre nouveau de Lieutenant général de l’État et Couronne de France.

Paris est livré à l’anarchie et aux excès du despotisme. Le duc d’Aumale en est gouverneur ; Bussy Le Clerc tient la Bastille ; les Seize répandent la terreur dans la ville, suspectant les opinions des citoyens, ordonnant des perquisitions, des arrestations, des confiscations, et même des pillages, comme chez le trésorier de l’Épargne, Molan, auquel ils prirent trois cent soixante mille écus. En pleine séance, Bussy Le Clerc arrête sur leurs sièges les membres du Parlement suspectés de royalisme, et les traîne à la Bastille. Quelques jours après, Barnabé Brisson, premier président pour la Ligue, déclare par-devant deux notaires, qu’il est retenu de force dans Paris ; que tout ce qu’il a fait, dit et délibéré en cour de Parlement lui a été arraché par force et contrainte, contre son gré et sa volonté, et proteste solennellement contre tout ce qu’on

  1. Le Duchat a publié toutes les pièces de cet étrange procès dans ses Remarques sur la Satyre Ménippée. Après son avènement au trône, Henri IV ordonna de rechercher et de détruire tout ce qui, dans les registres du Parlement et archives, pouvait rappeler une époque de troubles, témoigner de la haine des factions, et porter atteinte à la majesté royale. Ce fut Pierre Pithou, l’auteur de la Harangue de d’Aubray, alors procureur général, qui fut chargé de cette recherche.