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de beato Paulo, cujus conversio heri celebrabatur, quia sperabam quod heri in ordine meo me contingebat loqui. Sed me fefelli longa nimis oratio Domini de Mania, et ideo cogor remittere in vaginam gladium latinitatis meae, quem volebam stringere in conversionem istam, de qua Politici nonnulli nescio qui disseminant in vulgum, quam tamen neque credo neque cupio, quoniam beatus Paulus multum distabat ab isto Navarra. Erat enim nobilis, et civis Romanus : et quod nobilis fuerit, et stirpe nobilis editus, apparet ex eo quod Romae fuit illi amputatum caput. Iste vero est infamis propter haeresim, et tota familia Borboniorum descendit de becario, sive ma-

sur saint Paul, dont la conversion se célébrait hier, parce que je comptais vous haranguer hier, arrivant, mon tour de parole. Mais j’ai été trompé dans mon attente par la longueur du discours du seigneur du Maine, et il me faut rengainer mon éloquence latine que je comptais brandir contre cette conversion, à propos de laquelle quelques Politiques répandent dans le public je ne sais quel bruit, que je ne crois ni n’espère être fondé. Car saint Paul était bien différent de ce Navarrois. Il était noble et citoyen Romain ; et ce qui prouve qu’il était noble et de noble maison, c’est qu’on lui trancha la tête à Rome[1]. Celui-ci est infâme à cause de son hérésie, et toute la famille des Bourbons est issue d’un boucher, ou, si mieux

  1. Autrefois on ne tranchait la tête qu’aux gentilshommes, et les roturiers étaient seuls pendus. Le cardinal de Pellevé attribue naïvement à l’antiquité les coutumes de son temps, et il estime que saint Paul était de bonne noblesse puisqu’il fut décapité et non pendu.