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cul[1] de Sorbonne, après avoir mangé les grands Breviaires[2] et Heures du feu Roy à faire festins à Monsieur le Lieutenant, se mit à genoux avec Garinus[3], Cordelier et Apostre apostat, et, assistez de Cuilly[4], curé de Sainct-Germain-l’Auxerrois, et d’Aubry, curé de Sainct-André-des-Arcs, revenant de confesser Pierre Barriere[5], entonnerent à haute voix, devant la croix de M. le Legat :

0 crux, ave, spes unica,
Hoc passionis tempore !

Quelques-uns de l’Assemblée le trouverent mauvais. Toutesfois chacun les suivit en chantant de

  1. Terme de mépris par lequel le populaire désignait les oblats et moines convers qui pouvaient rentrer dans le monde.
  2. Henri III avait réuni au bois de Vincennes, auprès de l’église des Minimes, une riche collection de tableaux, d’ornements et d’ustensiles d’église, enfin d’Heures et de Missels précieux. Le tout fut pillé par les ligueurs en 1589, et il parait que Launay avait eu sa part du butin, qu’il vendit.
  3. Cordelier, originaire de Savoie ; se fit remarquer entre tous les prédicateurs qui excitèrent le peuple à la révolte.
  4. Jacques Cueilly, docteur en Sorbonne, Député aux États de la Ligue.
  5. En apprenant la conversion de Henri IV, Pierre Barrière venu de Lyon dans l’intention de l’assassiner, fut pris de scrupule, et consulta à ce sujet le curé Aubry, qui lui persuada que cette conversion était sans valeur, et que la mort seule du Béarnais pouvait assurer le triomphe de la religion catholique.