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démasqués, fustigés, honnis. Si pour lire la Satyre Ménippée il est bon de se remémorer ce qui précède, pour la bien comprendre il est plus nécessaire encore de jeter un coup d’œil rapide sur les événements qui remplirent les quatre années précédant immédiatement l’ouverture des États Généraux de Paris.

Le duc de Mayenne était à Lyon au moment du meurtre de ses frères. Plus heureux que son jeune neveu Charles, devenu ainsi tout à coup duc de Guise, il put s’enfuir précipitamment avant que les ordres du roi pour s’assurer de sa personne fussent arrivés ; et tandis que son neveu arrêté était emprisonné à Amboise, il courait à franc étrier vers son gouvernement de Bourgogne, le traversait ainsi que la Champagne dont il soulevait les populations, et arrivait à Paris se mettre à la tête de la Ligue.

La surexcitation y était grande depuis la nouvelle du meurtre des Guise. Les curés ligueurs prêchaient publiquement la révolte contre le roi, ce vilain Hérode, comme ils nommaient Henri de Valois par l’anagramme de son nom. La Faculté de Théologie publiait une consultation déclarant les sujets déliés du serment de fidélité envers le roi, et les exhortant à s’armer pour la défense de la religion catholique : résultat des paroles du légat Morosini qui avait déclaré que Henri III était excommunié ipso facto, pour avoir fait tuer un cardinal. Bien plus, à la demande de la duchesse de Guise, une enquête avait été faite sur le meurtre exécuté à Blois ; et le Parlement sur la poursuite des députés du royaume de France, d’une part, et du « peuple et consors » d’autre part, instrui -