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s’empare de l’Arsenal et de la Bastille, qu’il met dans la main des Seize en y nommant gouverneur Bussy-Leclerc, un des leurs. La Ligue est toute-puissante : elle a Paris, elle a levé le masque, et se montre aussi hostile à Henri III qu’aux huguenots.

Le roi tenta cependant encore un dernier effort pour gagner la sympathie des ligueurs. Au mois de juillet 1588 il publiait l’Édit de réunion, par lequel il s’engageait à anéantir l’hérésie dans le royaume et déclarait inaptes à régner après lui les princes huguenots, dans le cas où il mourrait sans enfants mâles ; puis il convoquait à Blois les États Généraux. Ils furent ouverts le 16 septembre 1588, et le duc de Guise et son frère le cardinal étaient présents. Le roi ne leur avait pas pardonné : ses familiers l’excitaient contre eux, et répandaient le bruit d’une conspiration dirigée contre sa personne. Cédant à des conseils d’accord avec sa rancune, il les fit ouvertement assassiner, en plein jour, dans une résidence royale, le duc le 23 décembre, et le cardinal le lendemain 24 ; puis les cadavres mis en pièces furent brûlés le soir dans une salle basse du palais afin d’enlever aux ligueurs les reliques de leurs chefs. Il y avait un peu plus de sept mois qu’Henri III s’était enfui de Paris devant le duc de Guise et la faction des Seize.

Les événements qui suivirent sont ceux auxquels s’appliquent plus particulièrement les allusions de la Satyre Ménippée. Elle en flagelle sans pitié les auteurs, dévoile leurs ruses, démasque courageusement leur ambition couverte par l’apparence du bien public et de l’intérêt de tous ; révèle leurs crimes, leurs turpitudes, et les laisse