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Monsieur le Legat vous pourra tantost faire entendre qu’ils ne sont point de l’essence de la messe ni mots sacramentaux. Faisons seulement semblant et bonne mine. Si Villeroy s’en lasse[1], nous aurons Zamet[2], qui, pour le plaisir que lui a faict mon bon cousin le Duc d’Elbeuf, ne plaindra ses peines et voyages et se laissera aisement beffler[3] sur l’esperance de ses greniers à sel. Quoy qu’il en soit, et advienne qui pourra, si nous nous entendons bien et continuons nos intelligences avec ce bien heureux Tiers-party, nous brouillerons si bien les affaires que ceux de Bourbon ne se verront de trente ans où ils pensent. Car je ne feray jamais plus de cas d’eux que j’ay faict de leur oncle, que j’ay laissé mourir en prison[4] et en necessité, sans me soucier gueres de luy aprés qu’il nous eut servy de pretexte et de planche, que les Huguenots appelloyent planche pourrie, pour monter où je suis. Car je sçay bien que, tant qu’il y auroit de ceste race Bourbonnoise,

  1. On le soupçonnait de vouloir abandonner le parti de la Ligue.
  2. Zamet, originaire d’Italie, vint en France à la suite de Catherine de Médicis, et s’y enrichit dans les Fermes. Le duc de Mayenne l’employait à négocier une trêve avec Henri IV.
  3. Se laissera jouer.
  4. Le vieux cardinal de Bourbon. Il mourut en prison à Fontenay-le-Comte en Poitou, assez misérable, et sans avoir jamais pu obtenir la moindre pension.