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Roy que je suis, je devinsse valet, et pour faire tomber l’orage de ceste guerre sur la teste de ces bons Catholiques Espagnols, noz amis, qui nous veulent apprendre à croire en Dieu. Bien est vray que, si ladite conversion advenoit à bon escient, je seroy en grande peine et tiendroy le loup par les oreilles, Toutesfois, Monsieur de Lyon et noz bons Predicateurs m’ont appris qu’il n’est pas en la puissance de Dieu de pardonner à un Heretique relaps, et que le Pape mesmes ne sçauroit lui donner absolution, fust-ce à l’article de la mort, ce que nous devons tenir comme treiziesme article de foy et l’adjouster au Symbole des Apostres ; voire que si le Pape s’en vouloit mesler, nous le ferions excommunier luy-mesme[1] par nostre mere la Sorbonne, qui sçait plus de latin, et boit plus catholiquement que le sainct Consistoire de Rome. C’est donc sur quoy il nous faut principalement insister, par quels moyens nous empescherons la paix et rendrons la guerre immortelle en France. Monsieur de Lyon sçait bien que le Roy d’Espagne et moy luy avons promis sur nostre honneur un chapeau rouge, s’il peut tant faire par sa rethorique

  1. Les prédicateurs de la Ligue avaient publié que le Pape n’avait pas le pouvoir d’absoudre et de réhabiliter Henri IV, et que, s’il le faisait, il serait lui-même, et par ce seul fait, hérétique et excommunié.