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nous avons envoyé coup sur coup nos agents à Rome comme Monsieur le Cardinal de Pelvé, mon bon precepteur, vous pourra tesmoigner, pour renverser la négociation du Cardinal de Gondy, qui ne s’y eschaufera pas plus qu’il doit ; et rompre les pratiques du Marquis de Pizani[1], qui est trop bon François pour nous, qui sont allez à Rome chercher un chemin de paix. Mais nous avons suscité nos Ambassadeurs d’Espagne de protester contre l’audiance, et contre ce que le Pape voudroit faire sur la pretendue conversion du Biarnois. Monsieur le Legat nous a aidez à faire nos Memoires et Instructions, et y emploiera de sa part ses habitudes et confederations du Consistoire. Et, si sa Saincteté faict autrement, je sçay bien comment il en faut avoir la raison, le menaçant que nous sçaurons bien faire en ce cas nostre accord avec les Politiques, aux despens et desavantage de l’Eglise de Rome. Aussi ne me conseilleriez-vous pas que, pour une messe que le Roy de Navarre pourroit faire chanter (ce qu’à Dieu ne plaise ! ) je me demisse du pouvoir que j’ay, et que, de demy

  1. Le marquis de Pisani, accompagné du cardinal de Gondy, avait été envoyé en 1592 vers le pape Clément VIII pour le disposer à reconnaître Henri IV pour roi dès qu’il aurait abjuré. Les ligueurs soupçonnaient le duc de Mayenne d’approuver cette démarche, et il les rassure ici en leur disant que le cardinal ne cherchera pas à réussir dans sa mission.