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aydé. D’autre part, vous prevoyez bien les dangers et inconvenients de la paix, qui met ordre à tout et rend le droict à qui il appartient. C’est pourquoy il vaut encore mieux l’empescher que d’y penser. Et, quant à moy, je vous jure par la chere teste de mon fils aîné[1] que je n’ay veine qui y tende, et en suis aussi eslongné que la terre est du ciel : car, encore que j’aye faict semblant, par ma derniere Declaration et par ma Response subsequente, de desirer la conversion du Roy de Navarre, je vous prie croire que je ne desire rien moins, et aimeroy mieux veoir ma femme, mon nepveu et tous mes cousins et parents morts que de veoir ce Biarnois à la messe[2]. Ce n’est pas là où il me demange. Je ne l’ay escrit et publié qu’à dessein, non plus que monsieur le Legat son Exhortation au Peuple François[3] ; et tous ces escrits que monsieur de Lyon a faicts et fera cy aprés sur ce sujet, ne sont qu’à intention de retenir le peuple, en attendant quelque bonne aventure (vous m’enten -

  1. Henri de Lorraine, marquis de Mayenne du vivant de son père. A défaut de la couronne pour lui-même, le duc voulait la mettre sur la tête de ce fils.
  2. Mayenne n’aimait pas sa femme, qui était vieille, et il n’avait pas plus d’affection pour son neveu, le jeune duc de Guise, et les autres princes Lorrains, en qui il voyait des obstacles à la réussite de ses projets.
  3. Voir Mémoires de la Ligue, tome V.