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je desire sans en faire semblant, et mon cousin le Duc de Lorraine et le Duc de Savoye en sçauroient bien que dire[1] ; les affaires desquels j’ay tousjours postposées à la cause de l’Eglise Gallicane et à la mienne. Quant à la foy publique, j’ay tousjours estimé que le rang que je tiens m’en dispensoit assez ; et les prisonniers que j’ay retenuz, ou faict payer rançon contre ma promesse ou contre la composition par moy faicte avec eux, ne me peuvent rien reprocher, puis que j’en ay absolution de mon grand Aumosnier et Confesseur. Je ne parleray point des voyages que j’ay faict faire vers le Biarnois pour l’amuser d’un accord où je ne pensay jamais : les plus fins de mon party y ont esté embarquez et n’en ont senty que la fraischeur du rasoir, et cela ne doit desplaire à Villeroy qui n’y est allé qu’à la bonne foy, comme pouvez croire. J’en ay bien apasté d’autres qui ne s’en vantent pas, et qui ont traicté pour moy à deux fins, tant pour haster nos amis de nous secourir que pour amuser nos ennemis à la moustarde[2]. Et, si le Biarnois eust voulu croire quelques uns de

  1. Le duc de Mayenne, qui aspirait à la couronne de France, avait promis à chacun de ces princes en particulier de le faire nommer roi.
  2. Expression proverbiale. S’amuser à la moutarde signifie perdre son temps à des riens, flâner.