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quelque chose de bon pour moy et les miens, en gardant les gages si je puis. Et advienne qui voudra, je ne m’en deferay que par force ; et trouveray tousjours assez de difficultez pour executer ce qu’on me demande, ny ne manqueray pas de Bulles et d’Excommunications, merce de Monsieur le Legat, qui en sçait tout le tu-autem[1], pour embabouiner ceux qui y voudront croire. Nous avons desja pratiqué deux illustrissimes Legats pour nous ayder à vendre nos coquilles ; nous avons eu des pardons gratis, sans bourse deslier ; et sçavons bien de quel biais il faut prendre nostre Sainct Pere, en le menaçant un petit de faire la paix s’il ne nous accorde ce que luy demandons. Avons-nous pas eu de Rome des fulminations à tort et à travers contre nos ennemis Politiques ? Les avons-nous pas faict excommunier et devenir noirs comme beaux Diables ? Nous avons faict continuer les Paradis à desseing ; nous avons embouché des Predicateurs affidez et hypotequez soubs bon tiltre ; nous avons faict renouveller les serments aux Confrairies du Cordon et du Nom de Jesus[2] ;

  1. Merce, merci de. Tu autem, expression empruntée au bréviaire, où les leçons se terminent par la formule Tu autem, Domine, etc. Savoir le tu autem d’une chose c’est la connaître du commencement à la fin.
  2. La confrérie du cordon était établie à Lyon ; celle du Nom de Jésus existait à Paris dans l’église Saint-Gervais.