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sion à plusieurs de mourir alegrement de male rage de faim plutost que parler de paix. Et si on eust voulu croire monsieur Mendoze[1], zelateur de la Foy, et amateur de la France, s’il en fut onc, vous n’auriez plus ceste horreur de veoir tant d’ossements aux cymetieres de Sainct-Innocent et de la Trinité, et les eussent les devots Catholiques reduits en pouldre, beuz et avalez, et incorporez en leur propre corps, comme les anciens Troglodites faisoient leurs peres et amis trespassez.

Faut-il que je recite les viles et serviles submissions que je fey pour amener nos nouveaux amis à vostre secours ? Et toutesfois je me suis tesmoin que j’ay tousjours eu mon dessein à part, quelque chose que je disse et offrisse à ce bon Duc[2], et me suy tousjours reservé, avec mon Conseil estroit[3], de faire


la Ligue pour entretenir la confiance du peuple, et à de faux drapeaux que fit faire en 1589 la duchesse de Montpensier, et que l'on suspendit aux voûtes de Notre-Dame, comme trophées pris à l'ennemi.
  1. Var. «Dom Bernardin de Mendoze. » C’était l’ambassadeur de Philippe II en France, qui conseillait aux Parisiens affamés de faire de la farine des ossements des morts pour s’en nourrir.
  2. Alexandre Farnèse, duc de Parme, gouverneur des Pays-Bas pour Philippe II.
  3. Le conseil privé du duc, composé de son secrétaire Baudouin, de son trésorier Ribault, du président Jeannin et de Des Portes.