Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mon cousin de Nemours, et de mes amez et feaux aussi cousins les Duc et Chevalier d’Aumale, qui n’avoient oublié le chemin de Nantes. Je ne puis, Messieurs, je ne puis parler de ceste renverse de fortune sans soupirs et sans larmes ! Car je seray maintenant tout à faict vous sçavez bien quoy[1] : au lieu qu’il me falut aller querir et mandier un maistre en Flandres, et ce fut là que je changeay ma couverture Françoise en cape à l’Espagnole, et donnay mon ame aux démons meridionaux[2] pour desgager ce que j’avoy de plus cher dedans ceste ville. Mais je me fusse faict valet de Lucifer, aussi bien que du Duc de Parme, pour faire despit aux Heretiques.

Je ne veux passer soubs silence les artifices, ruses et inventions dont j’ay usé pour amuser et retenir le peuple, et ceux qui nous cuidoient eschapper. En quoy il faut reconnoistre que madame ma sœur, cy presente, et monsieur le Cardinal Cayetan, ont faict de signalez services à la Foy par subtiles nouvelles et Te Deums chantez à propos, et drapeaux contrefaicts en la rue des Lombards[3], qui ont donné occa-

  1. Roi de France.
  2. Les démons méridionaux désignent ici les Espagnols, qui soutenaient la Ligue, et auxquels l’auteur applique plaisamment le texte du psaume XC : « Non timebis ab incursu et dæmonio meridiano. »
  3. Allusion aux fausses nouvelles répandues par les chefs de