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de leurs patenostres et devotes processions, non point par usurpation et larcin domestique, comme disent les heretiques relaps.

Ce faict, pour monstrer ma liberalité et magnificence, aprés m’estre asseuré de plusieurs villes, chasteaux et clochers, qui aisément se laisserent persuader aux bons predicateurs ausquels j’avoy faict part de mon butin, je dressay ceste puissante et glorieuse armée de vieux soldats aguerris, tous fraischement émouluz, que je menay, avec un grand ordre et discipline, tout droit à Tours, où je cuiday dire comme un Cesar catholique : Je suis venu, j’ay veu, j’ay vaincu. Mais ce fauteur d’heretiques[1] feit venir en poste le Biarnois, lequel je ne voulus attendre de trop prés, ny le voir en face, de peur d’estre excommunié[2]. Et puis vous sçavez que la levée du siége de Senlis, où mon cousin cy present a bien faict parler de luy, joincte à la deffaicte de Saveuse, me donnerent couverture de tourner visage : ce que je fey aussi volontiers que vous, Messieurs de Paris, le desiriez et m’en requeriez ardemment. Depuis, vous sçavez à quel poinct nous fusmes reduits,

  1. Le roi Henri III.
  2. Explication plaisante de la retraite du duc de Mayenne devant les troupes du roi de Navarre, appelé par Henri III à son secours.