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Catholiques, de la pesanteur de leurs bourses, et vaquer curieusement de pieds et de mains à rechercher et nous saisir des riches joyaux de la Couronne, à nous appartenants en ligne collaterale[1], et par forfaicture du Seigneur feodal[2]. Nous trouvasmes force tresors inutiles : nous descouvrismes à peu de fraiz, par la revelation d’un catholique maçon et la saincte innocence de monsieur Machault, que je nomme icy par honneur, le beau et ample muguot de Molan[3], nonobstant ses demons gardiens et ses esprits familiers, que ledit Machault sceut vertueusement conjurer, remplissant à cachette d’escus au soleil le fond de ses chausses. Et sans ce divin secours, Messieurs, vous sçavez que ne sçavions encore de quel bois faire fleches : dont la saincte Union est grandement redevable au soigneux mesnagement dudit Molan, qui refusoit si honnestement son maistre et tous

  1. Le duc de Mayenne fit vendre ou engager une partie des joyaux de la Couronne, auxquels avait droit la branche aînée de Lorraine, qui comptait un prince né de la fille de Henri II.
  2. Le seigneur féodal de la maison de Guise était le roi de France, Henri III, contre lequel elle s’était révoltée, sous prétexte de mauvaise administration.
  3. Mugnot ou mugot, aujourd’hui magot, c’est-à-dire trésor caché. Pierre Molan, trésorier de l’Épargne, avait frauduleusement amassé une somme de 250 mille écus d’or, qui fut découverte le 5 mars 1589 par les soins de Machault, et dont le conseil de la Ligue profita.