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seize membres, qui dans la suite se firent remarquer par leurs excès, devaient être les chefs des seize quartiers de Paris, et transmettre à chacun d’eux les ordres des Quarante. En même temps le duc de Guise se retirait dans son gouvernement de Champagne, recevait secrètement dans son château de Joinville les envoyés du cardinal de Bourbon et ceux du roi d’Espagne, et signait avec eux une convention reconnaissant les droits éventuels du cardinal de Bourbon au trône de France, dans le cas où le roi mourrait sans enfants mâles ; excluant de la succession à la couronne tous les princes hérétiques ; promettant au roi d’Espagne l’appui de la Ligue pour soumettre ses sujets rebelles des Pays-Bas, à charge, par Philippe II, de payer tous les mois cinquante mille pistoles attribuées aux frais de la Ligue.

Ce n’était pas sincèrement que le duc de Guise cherchait à faire admettre les droits au trône du cardinal de Bourbon. Lui-même y prétendait secrètement. Il avait fait dresser et publier une généalogie de la maison de Lorraine où l’origine de cette maison se rattachait directement à Charlemagne ; et un avocat au Parlement, nommé David, son émissaire, était allé à Rome sous le prétexte de solliciter du pape les bulles d’investiture de l’archevêché de Toulouse pour Paul de Foix, mais en réalité porteur de mémoires secrets et de lettres pressant le pape de dégrader la maison de Hugues Capet, usurpatrice de la couronne, et de rétablir sur le trône de France les descendants de Charlemagne. La mort récente du duc d’Anjou faisait de Henri de Navarre, prince hérétique, le plus proche héritier du trône. Il s’agissait de l’écarter :