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En dorant leur visage ; et, dans la foule antique
Des frères immortels rangés sous le portique,
Ceux qui d’un songe pur t’accordent le trésor
Sur leur face de bronze ont une barbe d’or.

L’or remplace et bannit des mains sacerdotales
Les vases de Numa, les urnes des Vestales,
Le cuivre de Saturne, et l’argile en débris…
Ô cœurs vides du ciel ! cœurs de fange pétris !
Notre corruption, que sert de l’introduire
Dans le temple des dieux ?… Quoi ! c’est pour les séduire,
Qu’un luxe criminel marchande leur faveur ?
Ce luxe, de l’olive altérant la saveur,
Y détrempa la casse ; et la pourpre qu’il souille
Des brebis de Calabre a rougi la dépouille ;
Il arracha la perle à sa conque d’azur,
Fit jaillir, d’un sol brut, l’or éclatant et pur.
Ce luxe est né du vice : il sert du moins au vice !
Mais, prêtres, dites-moi, l’or dans un sacrifice,
Que fait-il ? — Ce que font tous ces hochets parés,
De la main d’une vierge à Vénus consacrés.

Offrons ce qu’aux dépens des grands plats de sa table,
Du noble Messala l’héritier détestable
Ne peut offrir aux dieux : un cœur juste, élevé,
Une âme aux saints replis, où l’honneur est gravé…
Riche de ces vertus, que j’approche du temple,
Et d’un simple gâteau le sacrifice est ample !