Page:Satires de Juvénal et de Perse, traduites en vers français, 1846.djvu/427

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D’un léger coup sa main le frappe ; et dans son âme,
Pour cet espoir si frêle, un vœu brûlant réclame
Tes domaines, Crassus, et ton pompeux séjour.
« Puisse un roi le nommer son gendre ! et, quelque jour,
Les belles s’arracher son cœur et sa tendresse !
Sous chacun de ses pas qu’une rose paraisse ! » —
Nourrice, point de vœux ! — Daigne les rejeter,
Malgré sa blanche robe, ô puissant Jupiter !

Tu veux la force, un corps ferme dans ta vieillesse.
Fort bien ! Mais ces grands plats, succulents de mollesse,
Arrêtent Jupiter, qui voudrait t’exaucer.

Tu fais tuer tes bœufs, dans l’espoir d’amasser !…
Puis, appelant Mercure avec des sacrifices :
« Augmente mon avoir, féconde mes génisses ! »
Le moyen, malheureux ? quand tu fais sans repos
Fondre sur les charbons la graisse des troupeaux !…
À force de victime et d’offrande, il espère
Vaincre enfin l’immortel. « Champ, bercail, tout prospère !
J’aurai… bientôt !… bientôt !… » Mais combien il frémit,
Quand son dernier écu dans sa bourse gémit !

Si je t’offrais, à toi, des coupes d’or massives,
La sueur du plaisir, des larmes convulsives
Inonderaient ton sein, bondissant et joyeux !…
De là ce fol espoir que tu plairais aux dieux