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Ce mineur dont j’hérite !… Il n’est que maladie,
Il regorge d’humeurs !… Trois femmes ! déjà trois,
Que Nérius enterre ! » Et dès l’aube, trois fois,
Le Tibre aux flots sacrés baigne ta chevelure,
Et de ta nuit coupable emporte la souillure.
Çà, réponds, un seul mot : Qu’est-ce que Jupiter ?
Doit-on le préférer… — « À qui donc ? » — Eh ! mon cher,
À Staius. — « Vous cherchez quel est le meilleur juge,
Et du pauvre orphelin le plus digne refuge ? »
— Eh bien ! alors ces vœux dont Jupiter est las,
Cours les faire à Staius. Bon Jupiter ! hélas !
Va s’écrier notre homme. Et le maître suprême
Ne crierait point aussi Jupiter à lui-même ?
Te crois-tu pardonné si la foudre, éclatant,
Ne renverse qu’un chêne, et t’épargne un instant ?…
Dans le sang des brebis si ton corps sur la terre
Ne gît pas tristement en un lieu solitaire,
Dont le prêtre Ergenna nous défend d’approcher,
Pour cela Jupiter te permet d’arracher
Sa barbe comme un sot ?… Enfin, par quel salaire
Sais-tu des dieux vengeurs enchaîner la colère ?
Est-ce avec un poumon et des intestins gras ?

Une aïeule, une tante élève dans ses bras
Un enfant au berceau ; puis, fervente et craintive,
Pour le purifier, elle enduit de salive,
Avec un doigt, la lèvre et le front de l’enfant,
Et des yeux meurtriers son charme le défend.