Page:Satires de Juvénal et de Perse, traduites en vers français, 1846.djvu/415

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perse.

Courage, mon poète ! Il est des gens qu’enivre
Accius le bachique et son maussade livre ;
D’autres, Pacuvius, rude, lourd, ampoulé,
Son Antiope « au cœur par les chagrins foulé. »
Quand l’absurde vieillard à ses fils recommande
L’étude de ces vers, faut-il que l’on demande
D’où nous vient ce fatras de termes raboteux
Qui corrompent la langue, et ce patois honteux
Qui fait trépigner d’aise une foule idolâtre
Sur les bancs du préteur, sur les bancs du théâtre ?
Rougis ! Tu ravirais un front chauve au trépas,
Sans plaisir !… si chacun ne t’applaudissait pas.
Qu’on nomme Pédius voleur : lui, sans excuse,
Répond par antithèse à celui qui l’accuse.
On l’admire : Oh ! charmant ! — Charmant ? Quoi ! vous, Romain,
Comme un chien qui frétille en nous léchant la main !
Eh ! croit-il m’émouvoir, ce naufragé qui chante ?
Lui donnerai-je un as ? C’est toi qu’on représente
Flottant sur un débris, dans ce tableau d’effroi
Qui charge ton épaule ; et tu chantes !… Crois-moi,
Pleure, et n’arrange point, la nuit, tes larmes feintes,
Si tu veux qu’attendri mon cœur s’ouvre à tes plaintes !

l’ami.

Mais des vers maintenant les sons mieux assortis
Coulent plus doux ?…

perse.

Coulent plus doux ?… Ce vers tombe avec grâce : « Atys