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perse.

Pourquoi ? Polydamas et nos petits Troyens
Pourront me préférer Labéon, j’en conviens…
Le grand malheur ! Qu’importe, en son bruyant délire,
Si Rome avec dédain refuse de me lire ?
Moi, je laisse au hasard sa balance pencher ;
Ce n’est point hors de moi que j’irai me chercher.
Car Rome… Ah ! si j’osais parler !… Mais quels scrupules ?
Quand je vois nos barbons, dans leurs jeux ridicules,
Moins sages que l’enfant qui joue encore aux noix !
Alors… alors… Pardon !…

l’ami.

Alors… alors… Pardon !… Point de rire sournois !

perse.

J’épanouis ma rate : il est si bon de rire !…
Poètes, prosateurs, s’enferment pour écrire
Du sublime !… à lasser les plus larges poumons.
Puis, sur un haut fauteuil, alors nous déclamons,
Avec un manteau neuf, tout parfumé d’essence,
Sardoine blanche au doigt, comme un jour de naissance.
Nous humectant d’abord d’un sirop onctueux,
Nous entr’ouvrons un œil, lourd et voluptueux…
Voyez, d’un air lascif et la voix presque éteinte,
Trépigner nos Titus quand, d’une molle atteinte,
Un vers libidineux, chatouillant leur désir,
Dans leurs reins frémissants va chercher le plaisir !
Est-ce à toi, vieux enfant, à repaître l’oreille
De ces flots d’auditeurs qui vont criant merveille,