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PROLOGUE




Jamais je n’allai boire aux sources d’Hippocrène ;
Et sur le double mont je n’ai pas sommeillé,
Pour me trouver poëte aussitôt qu’éveillé.
J’abandonne Hélicon, et la pâle Pirène,
À ceux dont un lierre, au flexible contour,
Enlace mollement et caresse l’image ;
Et, demi-villageois, j’ose offrir à mon tour
Au temple d’Apollon mon poétique hommage.

Qui fit articuler bonjour au perroquet ;
Dressa le corbeau rauque, étrange phénomène !
À murmurer salut, dans son bruyant caquet ;
La pie à bégayer des sons de voix humaine ?
C’est un habile artiste, et qui, malgré les dieux,
Dispense le génie et la parole aux bêtes :
La faim ! — Brille l’espoir d’un or insidieux,
Perroquets et corbeaux, au même instant poëtes,
Viendront vous saluer de chants mélodieux !