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LIV. I. SATIRE VIII.

SATIRE VIII.


Je n’étais qu’un tronc d’arbre, un figuier inutile,
Quand, tombant sous la main d’un ouvrier habile :
Qu’en faire ? Un banc ! dit-il, en y pensant un peu.
Non : faisons un Priape ; et je devins un Dieu.
Depuis, en ces jardins, où je répands la crainte,
Sentinelle placé, pour en garder l’enceinte,
Un roseau sur la tête, à la main une faulx,
J’écarte les voleurs, et fais fuir les oiseaux.
Jadis on ne trouvait ici qu’un cimetière,
Où de leur bouge étroit, dans une vile bière,
D’esclaves malheureux à la hâte emportés,
Les cadavres étaient pêle-mêle jetés.
Du rebut des mortels commune sépulture,
Là venaient se confondre en une foule obscure,
Les hommes de débauche et de dettes perdus,
Le bouffon Pantolabe et le lutteur Bardus.
Alors, sur le chemin, une ancienne colonne
Portait ces mots : ce champ qu’au public j’abandonne,