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LIV. I. SATIRE VII.

SATIRE VII.


Il n’est pas d’homme oisif, de faiseur de nouvelle,
De barbier qui n’ait su la fameuse querelle
Du Métis Protogène et de certain le Roi,
Proscrit du dernier ordre et du plus bas aloi.
Protogène, homme riche, habitant Clazomène,
Avait contre le Roi d’anciens motifs de haine.
C’était un homme dur, emporté, violent,
Digne adversaire enfin d’un rival insolent,
Et qui, faisant assaut de sarcasme et d’injure,
Aurait contre Barrus soutenu la gageure.
Je reviens à le Roi. Décidés à plaider,
On avait sans succès voulu les accorder :
Car en fait de traités, d’arrangemens à faire,
Il en est des plaideurs comme des gens de guerre.
Qu’un Achille rencontre un Hector pour rival,
Il faut qu’à l’un des deux le combat soit fatal.
Pourquoi ? C’est que tous deux sont remplis de courage.
Mais qu’entre deux poltrons la querelle s’engage ;
Ou que deux ennemis inégaux en valeur,
L’un contre l’autre armés, entrent au champ d’honneur,