Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le nom de votre ami doit-il m’être envié ?
Non, non : on sait trop bien comment en amitié,
Soigneux de repousser la bassesse et la brigue,
Vous mettez le mérite au-dessus de l’intrigue :
Comment la vertu seule est chez vous en honneur.
Ce n’est point au hasard que je dois ce bonheur.
Virgile et Varius, j’aime à le reconnaître,
Vous parlèrent de moi, me vantèrent peut-être.
Je parus à vos yeux ; et, prompt à me troubler,
J’osai vous dire à peine un mot, non sans trembler.
Je ne me vantai pas d’une illustre naissance,
Ni d’aller tous les jours, avec magnificence,
D’un cheval calabrais pressant les flancs poudreux,
Visiter, en courant, mes domaines nombreux.
Je vous dis qui j’étais ; et, selon votre usage,
Un mot plein d’indulgence accueillit mon hommage.
Je sors : neuf mois après, au même honneur admis,
Soyez, me dites-vous, au rang de mes amis.
Des faveurs que le sort ait jamais pu me faire,
La plus douce à mon cœur est d’avoir su vous plaire,
À vous qui distinguez l’honnête homme du fat,
Et que d’un nom pompeux n’éblouit point l’éclat
Si de la probité je suis les lois austères ;
Si l’on ne trouve en moi que des erreurs légères,
Ainsi que tous les jours en des traits délicats,
On découvre un défaut qui ne les gâte pas ;
Si personne ne peut, sans blesser la justice,
Me reprocher mes mœurs, me taxer d’avarice,
M’accuser d’aucun trait par l’honneur défendu ;
Si, pour me rendre enfin l’hommage qui m’est dû,