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LIV. I. SATIRE VI.

SATIRE VI.


Quoique des Lydiens qu’une ingrate patrie
Força de s’exiler aux champs de l’Etrurie,
Vos aïeux en noblesse aient égalé les Rois ;
Quoique nos légions aient marché sous leurs lois,
Jamais le plébéien, l’homme d’un nom vulgaire,
Ou qui n’a, comme moi, qu’un affranchi pour père,
N’eut à craindre de vous un sarcasme odieux,
Et, s’il a des vertus, il est noble à vos yeux.
Vous ne l’ignorez pas, avant qu’aux bords du Tibre,
Tullius, honoré du choix d’un peuple libre,
Montât de l’esclavage au rang de Quirinus,
Déjà plus d’un mortel, né d’aïeux inconnus,
Par le seul ascendant d’une vertu suprême,
S’était à la puissance élevé de lui-même ;
Tandis que de nos jours le fils de ce romain
Qui d’un trône insolent chassa le fier Tarquin,
Sans respect pour un sang que dément sa conduite,
Est pesé par le peuple au poids de son mérite