Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tandis que sur mes yeux échauffés par la route,
D’un baume adoucissant j’épanche quelque goutte,
Mécène, entre suivi de son cher Coccéïus ;
Capiton sur leurs pas vient avec Fontéïus,
Cet aimable Romain, d’Antoine ami sincère,
Qui joint à cent vertus l’heureux talent de plaire.
Parvenus à Fundi, nous n’y séjournons pas,
Et traversons la ville en riant aux éclats
Du borgne Aufidius, et de son maintien grave,
Et de sa cassolette et de son lati-clave,
Lui qui de sot greffier devenu sot préteur,
De la pourpre romaine affecte la hauteur.
Le soir dans Mamurra nous trouvons un bon gîte.
À descendre chez lui Muréna nous invite ;
Et, pour nous consoler des ennuis du chemin,
Capiton nous reçoit dans un pompeux festin.
Le lendemain pour nous voit briller une aurore
À nos yeux mille fois plus fortunée encore :
Aux murs de Sinuesse arrive Plotius ;
Il amène avec lui Virgile et Varius ;
Virgile et Varius, les âmes les plus belles
Dont la terre jamais ait offert les modèles,
Les amis les plus chers que m’aient donnés les dieux.
Quels longs embrassements ! quels entretiens joyeux !
Ah ! l’amitié sans doute est le trésor du sage.
Nous couchons ce jour-là dans un petit village,
Près du pont de Capoue ; et l’intendant du lieu
Nous fournit et le pain et le sel et le feu.
Arrivé dans la ville, on y fait une pause.
Là, tandis qu’un instant l’équipage repose,