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SATIRE VI.

Je ne sais quels docteurs, aux bords de l’Italie,
Nous ont de leur sagesse apporté la folie !
Nos derniers affranchis, nos faucheurs maintenant
Savent gâter leurs mets en les assaisonnant.
— Ainsi donc d’un neveu l’injuste et vaine plainte,
Au-delà du tombeau vous cause quelque crainte !
Ô vous, mon héritier, un instant en secret,
Qui que vous puissiez être, écoutez, s’il vous plait.
Vous savez la nouvelle ? On parle d’une lettre
Que couronne un laurier, et qu’on vient de remettre
Au Sénat. Les Germains ont fui devant César.
Déjà pour le triomphe on attèle le char :
Déjà des saints autels où chacun court se rendre,
Du dernier sacrifice on enlève la cendre.
Césonie elle-même, aux portes du dieu Mars,
Des peuples subjugués a suspendu les dards.
La pourpre des tyrans, les débris de leurs armes,
Des énormes gaulois les images en larmes,
Rien ne manque à l’éclat de ce jour glorieux ;
Et moi, pour rendre grâce à la faveur des dieux,
Pour fêter dignement les exploits du grand homme
Dont la victoire ajoute aux triomphes de Rome,
Je présente au combat deux cent gladiateurs.
Qui désapprouvera de si justes honneurs ?
Serait-ce vous ? Osez. Malheur au téméraire
Qui, s’il me blâme, au moins ne saura pas se taire !
Je distribue ensuite et de l’huile et du pain :
Est-ce mal fait ? Voyons, expliquons-nous enfin.
— Puisque sans rien cacher il faut qu’on vous réponde,
Votre terre à mon gré n’est pas assez féconde……