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SATIRE V.
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L’une roule après l’autre et prend la même ornière ;
La seconde jamais n’atteindra la première.
La liberté, telle est la source du bonheur ;
Non, cette liberté que donne le préteur,
Et qui fait qu’un Dama, dans la tribu Véline,
A droit à son boisseau de mauvaise farine.
Ô peuple fou, chez qui d’un lourdaud, d’un vaurien,
Avec une baguette on fait un citoyen !
Vous connaissez Dama, ce palfrenier stupide,
Ce fripon, ce chassieux qui, pour un gain sordide,
Surfaisant à son maître et la paille et le foin,
A toujours dans la bouche un mensonge au besoin ;
Qu’il reçoive un soufflet, ce n’est plus le même homme.
À présent, songez-y, c’est Marcus qu’il se nomme.
Peste, Marcus Dama vous répond de votre or,
Et sous un tel garant vous balancez encor !
Il juge et vous craignez de perdre votre cause !
Marcus Damas l’a dit : osez nier la chose.
Allons, Marcus, venez, signez ce testament
— Et mais la liberté, c’est cela justement,
Répond Dama ; c’est-là ce qu’un soufflet nous donne ;
Car enfin, puisqu’en forme il faut que l’on raisonne,
Quand on a droit de faire en tout sa volonté,
On est libre ; or ce droit ne m’est pas contesté.
Donc… ― Mal, fort mal conclu, va répliquer sur l’heure
Quelque subtil Zenon : j’accorde la majeure ;
Mais la mineure est fausse, il faut la retrancher.
— La retrancher ! pourquoi ? Qui pourrait m’empêcher,
Pourvu, Masurius, que j’observe ton code,
De suivre mon caprice et de vivre à ma mode ?