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SATIRE V.

SATIRE V.



À CORNUTUS, SON MAÎTRE.


DE LA VRAIE LIBERTÉ.

Tout chantre, à son début, c’est une de nos lois,
D’abord doit demander cent bouches et cent voix,
Soit que sur le théâtre, en style pathétique,
Il expose à nos yeux une action tragique ;
Soit qu’il peigne en grands vers le Parthe renversé,
Arrachant de son sein le trait qui l’a percé.
Mais à quoi tend ce but ? et de quelle merveille
Voulez-vous par cent voix étonner notre oreille ?
Laissez à ces auteurs que tourmente Apollon,
Les sublimes brouillards des sommets d’Hélicon ;
Laissez-les du festin d’Atrée et de Thyeste,
Aux yeux du spectateur, faire l’apprêt funeste.
Qu’ils servent tous les jours ce souper à Glycon.
Pour vous, avec plus d’art, ménageant votre ton,
Vous ne vous piquez point, quelqu’ordre qui vous presse,
D’imiter ces soufflets qu’Éole enfle sans cesse.