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SATIRE IV

Et vous pourriez enfin, sans erreur, sans appel,
Marquer du noir Thêta le nom d’un criminel.
Soyons plus vrais : le soin d’une parure vaine,
Voilà votre talent. Quelle erreur vous entraîne ?
Ah ! pour nous gouverner, attendez l’âge mûr,
Et prenez mille fois de l’ellébore pur,
Plutôt que de venir, sous un brillant plumage,
Du peuple, avant le temps, rechercher le suffrage.
Que doit-on, selon vous, désirer ici-bas ?
— Une table splendide et des mets délicats,
Et les rares odeurs dont, avec indolence,
Se parfume au soleil une heureuse opulence.
— Attendez. La Baucis qui s’approche de nous,
Sur ce point, j’en réponds, va parler comme vous.
Triomphez maintenant d’une vaine chimère ;
Venez nous répéter : Dinomaque est mon père ;
Je suis beau. Ces deux points, il faut vous les passer ;
Mais, pour le sens commun, pour le don de penser,
Valez-vous cette vieille en haillons, au teint have,
Qui surfait sa denrée à ce vaurien d’esclave ?
Hélas ! que l’on voit peu de gens avec candeur
Chercher à pénétrer dans le fond de leur cœur !
Et que, prompts à juger la conduite des autres,
Nous voyons leur défauts beaucoup mieux que les nôtres !
— Quelqu’un de vous ici connaîtrait-il Bassus ?
Qui ? Bassus, direz-vous ? ce richard, ce Crésus
Qui dans les champs Sabins s’est acquis un domaine
Qu’un milan dans un jour traverserait à peine !
Qui ne le connaît pas, cet avare odieux,
Ennemi de lui-même et détesté des dieux,