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Il part. Ses gens la veille affranchis pour son deuil,
Le bonnet sur la tête, escortent son cercueil.
— Déplorable fauteur d’une triste doctrine,
Tâtez mon pouls ; mettez le doigt sur ma poitrine ;
Touchez mes pieds, mes mains ; ai-je trop chaud ? trop froid ?
Qu’en dites-vous ? parlez. — Vous vous portez bien, soit ;
Mais qu’une bourse d’or à vos yeux se présente ;
Que de votre voisin la compagne agaçante
Vienne d’un air riant à passer près de vous ;
Parlez à votre tour, comment bat votre pouls ?
On vous sert à souper sur un bassin de terre,
Un légume grossier ; voyons, qu’allez-vous faire ?
J’entends : dans votre bouche un ulcère caché
Par un mets si commun pourrait être écorché.
Allons, votre santé, vous dis-je, périclite ;
Tantôt vous pâlissez d’une frayeur subite ;
Tantôt, comme embrasé d’un feu séditieux,
La colère, la rage étincelle en vos yeux.
À vos œuvres enfin, à tout votre langage,
On reconnaît si peu les traits d’un homme sage,
Qu’Oreste vous laissant sa place entre les fous,
Lui-même se croirait moins malade que vous.