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Soudain applaudissant à cette aigre satire,
D’un air lourd et stupide, éclater d’un gros rire.
— J’éprouve je ne sais quel battement de cœur,
Dit à son Esculape, au fort de la douleur,
Ce malade oppressé qui, d’une bouche aride,
Exhale en gémissant une haleine fétide :
Regardez-moi de grâce, et tâtez-moi le pouls.
— Prenez quelque repos et demeurez chez vous,
Répond le médecin ; mais du malade à peine
Le sang, après trois nuits, s’est calmé dans sa veine,
Qu’il envoie emprunter chez son riche voisin
D’un Surrente qu’il boit avant d’aller au bain.
— Mon cher, vous pâlissez. — Point du tout — Mais encore !
— Ce n’est rien. — Votre teint change, se décolore,
Prenez garde. — Eh ! mon dieu, vous pâlissez aussi :
Tenez, ne venez point trancher de l’oncle ici :
Le mien est enterré, vous pourriez bien le suivre.
— Il suffit. L’insensé continue, il s’enivre,
Et sans précaution, d’aliments surchargé,
La peau déjà blanchâtre, au bain il s’est plongé.
L’hydropisie augmente. Une vapeur soufrée
S’échappe avec effort de sa gorge altérée.
Il frissonne, il pâlit : le mal éclate enfin :
Le vase de vin chaud lui tombe de la main :
On découvre ses dents que fait craquer la fièvre,
Et l’aliment échappe à sa tremblante lèvre :
C’en est fait : le gourmand touche à son jour fatal :
La trompette funèbre a donné le signal :
Les cierges sont tout prêts, et, les pieds à la porte,
Sur son lit de parade, il attend qu’on l’emporte :